PRÉPARATION ULTRA-TRAIL : FORGER SON MENTAL AVEC LA SOPHROLOGIE

Beaucoup le savent, la Bee se bat depuis plus d’un an avec un de ses vieux démons qui lui donne des sueurs froides et l’a parfois fait renoncer à des courses qui pourtant la faisaient rêver : le vertige !

Mise au défi par un ami pour aller faire une course en montagne, l’UT4M, il a bien fallu que je prenne le taureau par les cornes : je me suis renseignée sur les moyens d’atténuer ce véritable handicap et ai entrepris des séances d’hypnose dont j’ai pu tester l’efficacité lors d’une reconnaissance en amont du parcours.

Je vous invite d’ailleurs à relire tout ce cheminement en cliquant sur ce lien.

Bilan : un bras broyé pour mon partenaire d’aventures qui m’a traînée jusqu’au sommet de Chamechaude – j’ai au moins découvert que j’avais de la force dans les mains – et un véritable combat intérieur dont je suis sortie gagnante mais en perdant beaucoup d’énergie.

Lorsque j’ai décidé de m’inscrire sur l’Ultra Run Raramuri au Mexique en avril 2018, je n’ai pas vraiment réfléchi à ce qui m’attendait.

Je rentrais ravie de mon expérience sur mon premier ultra, le Half Marathon des Sables à Fuerteventura en septembre 2017, comme grisée, et me suis senti pousser des ailes, à tel point que j’ai omis un petit détail de la course : le dénivelé, soit plus de 10000 de D+ pour 190 kilomètres.

Une fois dégrisée, la gueule de bois a été rude : moi, la petite Bee qui tremblait sur une chaise pour accrocher un cadre ou des rideaux quelques mois auparavant, j’allais partir courir dans des canyons escarpés, avec un départ à 2250 mètres d’altitude et des ponts suspendus au-dessus du vide !

Une pure folie au regard du parcours et de ma phobie !

Mais l’inscription à une telle course est semblable à un tatouage : une fois que tu as signé, c’est indélébile, même si l’acte te paraît par la suite déraisonné.

Alors que je cherchais mes sponsors et partenaires pour me lancer dans l’aventure, j’ai eu la chance d’être contactée par une connaissance qui a changé la donne…

Sommaire

  1. Morgane, une professionnelle passionnée
  2. Dialogue avec une sophrologue
  3. Conclusion de cette aventure

Morgane sophrologue à Conflans

Les réseaux font parfois bien les choses : Morgane n’était pas une inconnue pour moi, nous nous étions rencontrées il y a quelques années car j’avais eu ses filles en cours.

Cette runneuse aguerrie m’a contactée après avoir lu l’annonce de mon périple sur ma page sportive Beerunneuse : j’ai alors appris qu’elle avait ouvert un cabinet de sophrologie dans ma ville, Conflans-Sainte-Honorine, et qu’elle proposait ses services à des particuliers, des entreprises et de nombreux sportifs qu’elle accompagne dans la préparation de leurs challenges.

Je n’avais que de vagues notions de ce que pouvait être la sophrologie, mais Morgane m’a proposé de faire une séance découverte afin de me montrer comment elle pouvait m’accompagner au mieux dans mon challenge.

Je suis ressortie tellement apaisée après ce premier rendez-vous que j’ai poursuivi les séances avec Morgane qui m’a accompagnée avec bienveillance dans toute mon aventure.

Je vous propose aujourd’hui de découvrir l’interview que nous avons réalisée…

DIALOGUE AVEC UNE SOPHROLOGUE

Morgane, peux-tu dire en quelques mots en quoi consiste ton métier ?

Ouh la ! Je suis selon moi un « réveilleur de conscience », un élixir de mémoire pour que chacun retrouve la confiance perdue.

Pour être plus terre à terre, mon métier aide les personnes qui viennent me voir à se sentir mieux grâce à leurs propres ressources. Je ne vais pas les analyser, je vais justement les aider à avancer avec leur vécu en les remettant dans une réalité objective et à mieux vivre les évènements du quotidien, à leur faire prendre conscience de ce qu’elles peuvent changer pour être plus heureuses, plus sereines, plus détendues.

Et surtout, je vais les rendre autonomes dans leur pratique. Elles pourront se passer de moi au bout de 6 à 10 séances, en fonction de l’objectif. Les techniques apprises en séance leur serviront pour toute une vie.

Il est intéressant de revenir me voir 2 à 3 fois par an pour réamorcer le positif, ou suivre un nouveau protocole complet pour atteindre un objectif différent.

À qui s’adresse la sophrologie ?

La sophrologie s’adresse à tous ! Mes patients ont entre 4 et 89 ans.

Elle s’adresse à toute personne recherchant un mieux-être au quotidien ou tout simplement à se « re » découvrir et à mieux gérer ses émotions, ce qui est un atout et une force.

Évidemment, un enfant de 4 ans ne va pas se dire « Tiens, j’ai envie de me re-découvrir ». Ses parents, son orthophoniste ou un autre thérapeute chercheront à lui apporter du calme et du réconfort en cas de terreurs nocturnes, de problèmes de concentration, etc.

Je travaille beaucoup sur le sommeil, l’accompagnement de la grossesse, le burn out (malheureusement), et la préparation mentale : pour les sportifs évidemment, mais aussi pour les préparations d’examens, prépa, brevet, BAC et aussi les permis de conduire, moto.

Depuis peu, j’étudie aussi la gestion du poids grâce à la sophrologie.

Attention, pas de miracle ! Mais un juste retour à la réalité entre les mannequins que l’on nous met sous les yeux, la vision que l’on a de notre corps, la réalité objective, et le vrai poids à atteindre, pas les 50 kg de la fille sur la couverture de notre magazine, mais le poids avec lequel on se sentira en phase.

Quels bénéfices les séances peuvent-elles apporter ?
Mes séances apportent de la détente !
Qui se souvient de la dernière fois où il a vraiment lâché prise ?
Mais surtout elles permettent de prendre conscience de ses capacités, de son potentiel, de se sentir mieux en s’appuyant sur ses propres ressources ! Aucune invention ni fausse promesse, juste notre propre histoire avec nos forces et nos faiblesses qui peuvent elles- aussi devenir de vrais atouts.
Personne ne s’en souvient, mais nous nous sommes tous levés des centaines de fois pour retomber aussi sec, puis nous avons réessayé, jusqu’au jour où nous avons réussi à tenir debout. Même processus jusqu’au premier pas ! Un bébé n’a aucun doute sur sa capacité à réussir à tenir debout et à se mettre à marcher. C’est dans notre ADN ! Nous avons tous été ce bébé. La sophrologie nous rafraichit la mémoire en quelque sorte.
J’aime dire que nous ne sommes jamais mieux servis que par nous-même, alors faisons- nous du bien ! Notre corps et notre mental nous le rendront bien.
Tu pratiques la course à pied et ton public est en grande partie composé de coureurs : en quoi cette pratique peut-elle être intéressante ?

La sophrologie va permettre au coureur, mais également à tout autre sportif, quelle que soit sa discipline, de visualiser sa course, son parcours, ses dénivelés en se concentrant sur ses sens, ses sensations, de développer ses capacités respiratoires, de travailler son endurance.

Après une séance consacrée à ses 5 sens, et même à son 6ème…, un coureur ne vivra plus jamais un simple footing de la même façon.

Le cerveau ne fait pas la distinction entre le très fortement imaginé et le réellement vécu, aussi, si vous visualisez la ligne d’arrivée, si vous vous voyez courir détendu, si vous anticipez le mur, puis le traversez en connaissance de cause avec quelques astuces que je vous donne pendant les visualisations (durant lesquelles ma voix vous guide), le jour J vous aurez l’impression d’avoir vécu ce moment précis et n’aurez aucun doute sur votre capacité à réussir !

Bon, je ne garantis pas le chrono !

Idem pour un compétiteur en crossfit  souhaitant réussir plusieurs tractions, une patineuse souhaitant réussir ses sauts, un joueur de tennis ou un judoka ne voulant plus se laisser déstabiliser par cet adversaire qui le bat à chaque fois alors qu’il n’est pas plus fort !

Comment se passe une séance ?
Une séance se déroule en quatre étapes :
1/ Une anamnèse (ensemble de questions permettant de mieux connaitre le patient et de fixer un objectif que je l’aiderai à atteindre)

2/ Des techniques de respiration appelées «  relaxations dynamiques »: on commence à détendre le corps et l’esprit en étant dans le mouvement grâce à des contractions et détentes musculaires.

3/ Une sophronisation : grâce à ma voix, je plonge le patient en état sophroliminal, entre la veille et le sommeil. Attention, ce n’est pas de l’hypnose ! Je ne travaille pas sur un état de conscience modifiée, mais seulement sur la conscience du patient. À ce moment- là, le cerveau n’a plus de filtre, mon travail est de lui envoyer des messages positifs, de lui faire vivre une situation appréhendée dans les meilleures conditions qui soient.

4/ Enfin, un moment est accordé à la phénodescription : j’invite le patient à s’exprimer sur ses ressentis. C’est primordial de poser ses ressentis avec des mots. Il peut être parfois difficile de s’exprimer oralement, alors je propose de poser des mots sur papier, sans forcément me les montrer.

Je ne suis pas dans l’analyse. C’est le patient qui aura des prises de conscience en se questionnant sur ses ressentis et qui saura comment progresser.

Je suis venue te voir avant mon ultra au Mexique pour gérer mon stress lié à mon vertige, et mes appréhensions : comment as-tu procédé pour m’aider ?

Je t’ai fait traverser ce pont suspendu en te concentrant sur tes sens. Tu regardais devant, tu ne visais que la ligne d’arrivée. Ce pont était un passage comme un autre. Tu as su faire confiance à ton instinct, tes appuis, à te concentrer sur autre chose pour finalement ne pas te rendre compte tu l’avais traversé. Mais c’est toi qui en parlera le mieux…

Si tu as réussi, c’est aussi que tu as retravaillé seule les techniques proposées en séance : on parle d’entrainement sophrologique, ce n’est pas un mythe, il faut s’entrainer chez soi.

Et quel bonheur de constater que l’on avance grâce à toutes ces capacités qu’on porte !

CONCLUSION DE CETTE AVENTURE

 

Je regarde toujours avec émotion cette image du reportage « 66 minutes » sur M6 réalisé par Emmanuelle Rota : il s’agit du franchissement du passage qui a été pour ma part le plus périlleux, le fameux pont suspendu.

La sophrologie et Morgane auront été une aide précieuse, car les choses se sont faites assez simplement au final, même si j’ai éprouvé pas mal d’appréhension à l’idée de franchir cet obstacle. Mais en discutant avec les 7 autres coureurs, je me suis rendu compte que la configuration de la course en avait engendré chez chacun.

Soutenue par ma compagne de course, Émilie, j’ai réussi à me concentrer et à atteindre le bout de cet obstacle : sont-ce les multiples ponts virtuels que j’ai visualisés lors de mes séances avec Morgane, les techniques de respiration qu’elle m’a données pour m’apaiser, Émilie ou un peu des trois facteurs qui m’ont permis de réaliser cet exploit très personnel ?

Je ne saurais dire, mais ce qui est certain, c’est que j’ai trouvé en moi les ressources nécessaires pour accomplir une prouesse qui m’aurait paru insurmontable quelques mois auparavant !

J’ai bien évidemment décidé de poursuivre les séances et les exercices, car comme j’ai pu le formaliser dans mon debriefing de retour avec Morgane, ces séances amènent la Bee hyper active vers une paix intérieure et un lâcher-prise singuliers…

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